On pourrait penser que l'intégration d'un parc éolien dans le paysage est quelque
chose de subjectif qui se limiterait à "apprécier" ou pas des éoliennes
géantes sur un massif préservé.
Même si pour le projet Bel Coster, il suffit de mettre "éoliennes
de 210 mètres de haut" et "crêtes" dans la même phrase pour tout de
suite comprendre que "ça ne va pas être possible".
Cependant, il est possible de déterminer de manière objective l'impact visuel d'un parc éolien sur son environnement.
Pourquoi le projet éolien Bel Coster ne s'intègre pas dans le paysage ?
Evidemment, des éoliennes de cette taille, à cet endroit, c'est loin de passer inaperçu.
Bien au contraire, au-delà de l'impact paysager qui est maximal (c'est simple, on ne peut pas faire pire en terme d'intégration, surtout lorsqu'il s'agit d'un massif préservé), se posent 2 problèmes majeurs :
- la dominance
- la permanence visuelle
Effet de dominance
Image issue du guide de l'éolien publié par le Parc Naturel Régional du Haut-Jura |
Le guide éolien du Parc Naturel Régional du Haut-Jura est très clair (p. 15-16) :
Effet de dominance : cet effet de l’éolienne sur un motif paysager existant doit être maîtrisé en analysant les lignes de force ou les éléments paysagers « repères », et en travaillant l’implantation par rapport aux perspectives
Angles de perception : la perception des éoliennes dépend de l’ouverture horizontale et verticale du champ de vision depuis les points de vue donnant sur un site éolien. L’ampleur de vue, superficie couverte par le regard dans un rayon donné, permet de distinguer les vues cloisonnées, à faible ampleur de vue, des vues profondes, à forte ampleur de vue.
Ce paramètre doit être croisé avec la capacité d’absorption du site. L’angle sous lequel l’éolienne est perçue doit aussi être pris en compte. Perçue sous un angle faible, l’éolienne se confond avec l’horizon. A l’inverse, perçue sous un angle élevé, l’éolienne appelle le regard de l’observateur en introduisant éventuellement des phénomènes de surplomb.
Schéma issu du guide de l'éolien publié par le Parc Naturel Régional du Haut-Jura |
La DREAL utilise quand à elle un ratio pour déterminer l'acceptabilité du surplomb d'un projet éolien par rapport à un monument historique. Pour la Chapelle Saint-Maurice par exemple, le facteur est largement supérieur au maximum défini dans le cas du Bel Coster. Pour la commune de Jougne et encore plus Entre-les-Fourgs, c'est évidemment largement hors limite.
Permanence visuelle
La permanence visuelle, c'est lorsque les éoliennes sont visibles depuis de nombreux lieux alentours :
Schéma issu du guide de l'éolien publié par le Parc Naturel Régional du Haut-Jura |
Pour le Bel Coster, le promoteur a choisi un lieu avec une permanence visuelle énorme : Les éoliennes seront visibles depuis des sites remarquables comme le Mont d'Or, le Suchet, les Aiguilles de Baulmes, la dent de Vaulion mais aussi depuis les plaines françaises et suisses, jusqu'à des dizaines de kilomètres.
Là encore, le guide éolien du Parc Naturel Régional du Haut-Jura est très clair (p. 15-16) :
Permanence visuelle par rapport à l’habitat et aux axes paysagers « vitrine » inscrits au Plan de Parc : il s’agit de minimiser la durée pendant laquelle l’éolienne est dans le champ de vision de l’observateur. La distance de 500 m entre les éoliennes et les habitations est un minimum réglementaire. Des distances plus importantes peuvent être fixées en fonction du relief ou des structures paysagères.
Là encore, le guide éolien du Parc Naturel Régional du Haut-Jura est très clair (p. 15-16) :
Permanence visuelle par rapport à l’habitat et aux axes paysagers « vitrine » inscrits au Plan de Parc : il s’agit de minimiser la durée pendant laquelle l’éolienne est dans le champ de vision de l’observateur. La distance de 500 m entre les éoliennes et les habitations est un minimum réglementaire. Des distances plus importantes peuvent être fixées en fonction du relief ou des structures paysagères.
Selon les services de la région Bourgogne-Franche-Comté, il existe une co-visibilité du parc du Bel Coster avec de nombreux sites, classés pour la plupart :
- Jougne + monument aux morts
- Entre-les-Fourgs
- Chapelle Saint-Maurice
- Moulin
- Ferrière
- Tavins
- Eglise des Hopitaux-Neufs
- Usine communale de Métabief
- Fourcatier-et-Maison-Neuve
- Morond
- Mont d'Or
- maison "Monte au Lever" aux Grangettes
- Lac Saint-Point
- Remoray-Boujeon + presbytère
- La Planée + croix
- Château de Joux
- Fort du Larmont supérieur
- Fort du Larmont inférieur- Larmont + Grand Taureau + Gounefay
- Pontarlier + monuments historiques
- GR5, GR509 et la GTJ
- Verrières de Joux
- Les Fourgs
- Hopitaux-Vieux
- Oye-et-Pallet
- Malpas
Principalement, c'est tout le site de "La montagne et des hauts plateaux frontaliers du massif du Jura", classé comme emblématique dans le schéma régional éolien (Carte), qui serait fortement dégradé par la proximité d'un parc éolien, même situé en Suisse.
L'emplacement d'un parc éolien est critique et en choisissant un lieu comme le Bel Coster, nous voyons bien que le projet va à l'encontre des règles décrites dans le guide éolien du Parc Naturel Régional du Haut-Jura et dans le schéma régional éolien et que cela entraîne des impacts intolérables sur Jougne, notre région et tout son patrimoine pour que l'on puisse laisser ce projet aboutir.
Nous pouvons nous interroger sur le sérieux de l'étude d'impacts réalisées dans le cadre de ce projet. Si elle avait été réalisée avec rigueur, les impacts en France auraient été pris en compte rapidement et tous les voyants auraient viré au rouge immédiatement.
D'ailleurs, les photomontages fallacieux de l'impact paysager montrent bien que le promoteur est tout à fait conscient que son projet représente un impact inacceptable sur le paysage français et qu'il ne tient pas la route.
En voulant éviter le surplomb des villages de Ballaigues, Lignerolle et Labergement, porteurs du projet, le promoteur a choisi très clairement de sacrifier le côté français, principalement Jougne et Entre-Les Fourgs en première ligne.
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